Alors que la musique électronique séduit le grand public et que le trip-hop vit ses dernières heures, il devient difficile de trouver des disques à la fois mélodiques, introspectifs et innovants. Le premier album de Professor Psygrooves, « Foreign Pulses & Borderline Dubs » est de ceux-ci.

Sur la base de sessions d’improvisations autour d’une boucle, d’un sample ou d’un riff, le prof s’amuse à contourner les genres qu’il affectionne (les « Foreign Pulses ») pour ensuite les travailler « in dub » à grand coups de reverbs et delays, donnant à ce disque un aspect plus « rugueux » (les « borderline dubs ») que ceux des artistes auquel on pourra le comparer aisément : Burnt Friedman, Bugge Wesseltoft et l’équipe Scape.

Jarring Effects a toujours préféré envisager le dub comme un processus à la fois d’embellissement et de destruction de la musique, permettant de ne jamais se reposer sur des standards, mais plutôt de chercher en permanence de nouveaux moyens d’étendre la créativité sonore. Cet album nous est cher car il représente une vision supplémentaire du process « dub », sans tomber dans aucun cliché.

Conçu autour d’esthétiques jazz/electro, « Foreign Pulses & Borderline Dubs » est un disque accessible et pointu, mélodique et psychédélique, dans lequel rêverie, colère et voyage se croisent sans heurts. Quant à la construction musicale et l’écriture des morceaux – est-ce dû au long passé de batteur du prof, à la recherche de la blue note ou aux expérimentations diverses qui jonchent ces neuf morceaux ? – elle ne risque pas de laisser les amateurs de musique indifférents. Tout ce petit monde mis en son par Céline Frezza, fée clochette du studio Jarring Effects, est en perpétuel mouvement, s’agitant sans cesse au profit d’une musique riche, habitée et tout simplement belle.